1• Vous avez été nouvellement nommée présidente du CNB, qu’est ce qui vous a amenée à vous intéresser à la question du bruit ?
Lauriane Rossi : Les questions liées au cadre de vie sont au coeur de mon mandat de parlementaire au travers notamment des enjeux de mobilité, de logement et d’environnement sur lesquels je suis fortement impliquée. L’environnement sonore est une dimension très importante du cadre de vie des Français. Je l’observe tout particulièrement dans ma circonscription des Hauts-de-Seine (Bagneux, Malakoff, Montrouge), située au coeur de la zone dense de la métropole du Grand Paris et exposée à d’importantes nuisances sonores, liées notamment aux infrastructures de transport existantes et aux nombreux chantiers en cours. Voisins, chantiers, entreprises, transports, lieux musicaux sont autant de potentielles sources de nuisances sonores auxquelles les élus sont de plus en plus confrontés et auxquelles nous devons apporter des réponses concrètes. Je m’y emploie activement en tant que parlementaire, tant au travers de mon travail législatif à l’Assemblée que par mes initiatives au niveau local. Ma nomination à la présidence du CNB en octobre dernier est une nouvelle étape de ce travail.
2 • Le Conseil National du Bruit a beaucoup oeuvré dans les années passées. Quels sont les sujets à traiter en 2020 et quelles sont les grandes orientations que vous souhaitez donner pour les trois ans à venir ?
Lauriane Rossi : Depuis sa création en 1982, le Conseil National du Bruit a grandement contribué à mieux prendre en compte et à réduire la pollution sonore. Ses travaux, sous l’impulsion de mon prédécesseur, M. le Député Christophe Bouillon, ont notamment permis d’avancer sur une meilleure réglementation des lieux musicaux, des bruits de voisinage et de l’acoustique du bâtiment. Il a également contribué à caractériser l’impact sanitaire des nuisances sonores au travers d’une étude sur le coût social du bruit (57 milliards d’euros par an). Je souhaite inscrire les travaux 2020-2022 du CNB dans la continuité des chantiers réglementaires et documentaires déjà engagés, tout en abordant l’actualité législative à l’égard de laquelle le CNB a un rôle important à jouer. En effet, le CNB est d’ores et déjà saisi par la Ministre de la Transition écologique et solidaire pour travailler sur la mesure du bruit et des vibrations liés aux infrastructures de transport, notamment sur la détermination d’indicateurs évènementiels et la notion d’environnement sonore sain, introduits par le biais de mes amendements à la loi d’orientation des mobilités. Il sera également nécessaire d’engager une réflexion sur la rénovation thermique et acoustique des bâtiments, sur l’émergence sonore et son contrôle ainsi que sur la réglementation des activités de loisir (les sports mécaniques et l’aviation de loisir notamment). Enfin, il nous faudra mettre l’accent sur la dimension sanitaire du bruit avec une actualisation de l’étude sur le coût social du bruit.
3• En 1991, le décibel d’Or a été l’un de premiers prix récompensant des initiatives en matière d’amélioration de l’environnement. Il en existe maintenant de très nombreux. En quoi le décibel d’Or reste important ?
Lauriane Rossi : Le Décibel d’Or permet de valoriser depuis 28 ans de nombreuses initiatives portées par des industriels, élus, collectivités, enseignants, concepteurs, associations, chercheurs, Français et Européens, ayant fait preuve de réalisations significatives, innovantes ou remarquables dans le domaine de l’amélioration de l’environnement sonore. Ce concours permet de récompenser l’innovation et l’intelligence territoriale au service de la réduction des nuisances sonores et de la sensibilisation à la pollution sonore. Innover en matière de réduction des nuisances sonores, c’est améliorer le cadre de vie et la santé des citoyens. L’édition 2019 du Décibel d’Or, que j’ai l’honneur de présider, sera de nouveau un grand rendez-vous des acteurs de l’environnement sonore et permettra de valoriser des initiatives nouvelles améliorant le quotidien sonore de chacun.
4• Avez-vous été surprise par la diversité des acteurs oeuvrant dans le domaine de l’amélioration de notre environnement sonore ?
Lauriane Rossi :Je ne soupçonnais pas une telle diversité d’acteurs impliqués sur les enjeux liés au bruit. Cette pluralité d’acteurs est à l’image des multiples dimensions du bruit, présents quotidiennement dans chacune de nos activités économiques et sociales. Cette diversité est gage de débats, d’innovations et d’avancées certaines pour une meilleure prise en compte des nuisances. La vitalité du Conseil national du Bruit est celle de ses membres : administrations, collectivités territoriales, organisations syndicales, organisations professionnelles, entreprises, personnel territorial, associations de citoyens mobilisées contre le bruit, ARS, observatoires du Bruit et spécialistes de l’environnement sonore.